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Leçon principale
- La déflation est souvent le signe d’un affaiblissement de l’économie, mais la Suisse prospère pendant les périodes de déflation.
- Les économistes se demandent si la déflation peut être plus positive que négative dans certaines conditions.
- Une bonne déflation se produit lorsque l’offre augmente en raison d’une productivité accrue ou de progrès technologiques.
- Les taux d’intérêt négatifs en Suisse n’ont pas entraîné la récession économique attendue, ce qui constitue un cas unique.
- Les études historiques montrent que la déflation n’est pas toujours en corrélation avec la faiblesse économique.
La déflation est souvent considérée comme le signe négatif d’un affaiblissement de l’économie, en raison de son impact sur les dépenses de consommation et la croissance économique.
Cependant, en Suisse, l’économie continue de croître malgré la déflation. Sur une période d’environ cinq ans, les prix des biens de consommation ont chuté sans aucun impact négatif sur l’économie. En fait, l’économie a prospéré.
Les économistes débattent des effets nuancés de la déflation. Ils craignent souvent la déflation parce que la baisse des prix entraîne une baisse des dépenses de consommation, élément clé de la croissance économique. Mais l’exemple suisse a amené certains à reconsidérer leur point de vue selon lequel tant qu’il n’y a pas trop de déflation, les consommateurs et les producteurs de l’économie peuvent trouver un équilibre.
Découvrez comment la déflation peut être à la fois néfaste et bénéfique, selon les circonstances.
Informations rapides
La baisse des prix entraîne une baisse des dépenses de consommation, qui constituent un moteur clé de la croissance économique. Les entreprises réagissent à la baisse des prix en ralentissant leur production, ce qui entraîne des licenciements et des baisses de salaires. Cela réduit encore davantage la demande et les prix.
La Suisse prospère malgré la déflation
Début 2015, la banque centrale suisse a introduit des taux d’intérêt négatifs pour limiter la demande des investisseurs pour la monnaie surévaluée du pays. La crise de la dette dans les pays voisins, combinée à l’instabilité économique des économies d’Europe de l’Est, a stimulé la demande pour le franc suisse de la part des investisseurs à la recherche d’une monnaie refuge.
Après cela, les économistes prédisent que l’économie suisse entrera en récession. En revanche, l’économie a connu une croissance et le pays a enregistré un taux de chômage de 4,9 % en 2016. Dans l’ensemble, le pays a connu une nette augmentation de son pouvoir d’achat.
Généralement, lorsqu’un pays connaît une déflation, les prix chutent en raison d’une moindre demande des consommateurs. La baisse de la demande des consommateurs entraîne une augmentation du chômage. En outre, le ratio de la dette publique au produit intérieur brut (PIB) augmente à mesure que le gouvernement est contraint de consacrer davantage d’argent aux programmes de protection sociale. La déflation peut pousser l’économie vers la récession. Ce n’est cependant pas le cas en Suisse.
Comprendre la « bonne » déflation : une autre perspective
Même si le consensus général est que la déflation est néfaste à l’économie d’un pays, la recherche économique reste divisée sur la question. Dans un article publié par le Bureau national de recherche économique (NBER) en février 2004 (Document de travail du NBER n° 10329), intitulé « Bonne déflation et mauvaise déflation : leçons de l’ère de l’étalon-or », les auteurs Michael Bordo, John Landon Lane et Angela Redish examinent les périodes de déflation aux États-Unis, en Grande-Bretagne et en Allemagne à la fin du XIXe siècle. Étonnamment, ces économistes affirment que la déflation peut être plus positive que négative.
Selon ces économistes, une bonne déflation se produit lorsque l’offre globale de biens dépasse la demande globale. Cela pourrait être le résultat de progrès technologiques ou d’une amélioration de la productivité. Une mauvaise déflation se produit lorsque la demande globale chute plus rapidement que toute croissance de l’offre globale. Les chocs monétaires négatifs, comme ce qui s’est produit pendant la Grande Dépression, créent une « mauvaise » déflation. Lorsque la neutralité monétaire est maintenue malgré des chocs monétaires négatifs, l’impact de la déflation peut être neutre.
Déflation du côté de l’offre : bonne ou mauvaise ?
En mars 2015, une équipe de chercheurs de la Banque des règlements internationaux (BRI) a publié « Les coûts de la déflation : une perspective historique ». Ces chercheurs ont examiné le lien historique entre la croissance de la production et la déflation sur un échantillon couvrant 140 ans et dans 38 économies. Ils ont conclu que l’association était faible ou statistiquement insignifiante et que la popularité de la théorie en économie résultait des événements de la Grande Dépression.
Dans certains contextes, la déflation peut entraver une croissance économique forte et durable. Mais comme les économistes du NBER, ces chercheurs affirment que la déflation n’est pas toujours le signe d’une pénurie de demande globale et d’une faiblesse économique. Dans certains cas, la déflation peut résulter d’une augmentation de l’offre due à des améliorations de la productivité, à une plus grande concurrence sur les marchés des matières premières ou à des intrants moins chers et plus abondants, tels que la main-d’œuvre ou des matières premières comme le pétrole.
Lorsqu’une déflation induite par l’offre se produit, les prix chutent mais les revenus et la production (tels que mesurés par le PIB) augmentent. Cela peut créer une situation positive pour l’économie. Les recherches de la BRI continuent de révéler que la déflation des prix des actifs et la déflation des prix de l’immobilier sont plus dommageables pour l’économie que la hausse des prix des biens et services de consommation.
Surmonter les défis de la déflation
La meilleure façon de répondre à la déflation lorsqu’elle provoque des difficultés économiques est une question politique difficile à laquelle les économistes tentent encore de répondre. Cependant, l’idée selon laquelle la déflation est toujours le symptôme d’une économie en difficulté n’est peut-être pas vraie, même si elle est profondément ancrée dans la théorie économique.
Cette croyance est en grande partie le résultat de l’étude de la Grande Dépression, qui ne peut pas être considérée comme un bon exemple de ce qui se produit pendant une période prolongée de déflation. Selon les économistes, cette période de l’histoire économique peut plutôt être considérée comme une exception.
Conclusion
L’opinion consensuelle en économie est que la déflation a généralement un impact négatif sur l’économie, car elle peut potentiellement réduire les dépenses de consommation et provoquer des licenciements.
L’expérience de la Suisse depuis début 2015 remet en question cette vision, car l’économie du pays a progressé malgré la baisse des prix.
Les recherches économiques du NBER et de la BRI montrent que la déflation peut parfois provenir d’aspects positifs tels qu’une augmentation de l’offre et une amélioration de la productivité, plutôt que d’une simple réduction de la demande.
La déflation due à une augmentation de l’offre peut entraîner une augmentation des revenus et de la production économique, contredisant l’opinion traditionnelle selon laquelle la déflation n’est liée qu’à la faiblesse économique.
Les effets négatifs de la déflation, comme ceux qui se sont produits pendant la Grande Dépression, peuvent ne pas s’appliquer à toutes les périodes de déflation et peuvent constituer une exception plutôt que la règle.
